Auteur: Dùlin (gundamw_dulin@yahoo.fr)
Couple
: 1x4 (Heero Yuy/Quatre Raberba Winner)
Fandom
: Gundam Wing
Thème
: #19 – rouge (red)
Rating
: R
Warnings
: Canon-ness, post Endless Waltz, angst, sombre, POV Heero
Disclaimer : Ces délicieux garçons appartiennent à
Sunrise et Bandai. Qui ne sont malheureusement pas moi.
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Je me réveille en sursaut, chassé d’un mauvais rêve par un de ces bruits imperceptibles que personne d’autre que moi ne pourrait entendre. Et comme d’habitude, quand je tends la main pour toucher l’autre côté du lit, il n’est pas là.
Je soupire. Je peux entendre l’eau couler dans la
salle de bains, et le léger murmure de sa voix au-dessus. Je vois la lumière
sous la porte. Il essaie encore.
Je me lève et marche jusqu’à la porte de la salle de
bains. Je frappe, comme d’habitude. Comme d’habitude, il ne répond pas, comme
s’il n’avait même pas entendu. En fait, je suis presque sûr qu’il ne m’entend
jamais frapper. Alors, je rentre.
Il est debout devant le lavabo. L’eau coule à flots
du robinet. Et il se lave les mains. Encore et encore et encore.
Je ne sais pas pourquoi je le regarde fixement avec
une sorte de fascination morbide, à chaque fois. Je regarde ses mains sous
l’eau, je le regarde les griffer jusqu’au sang alors qu’il marmonne des choses
sans queue ni tête à voix basse. Je le regarde, et il ne me voit pas.
Je pense que c’est peut-être parce que je ne m’y
attendais pas. C’était moi le détraqué pendant la guerre. Arme humaine et
compagnie. On s’attendait à ce que moi, je craque. C’est moi qui aurais dû
finir comme ça. Seulement, je n’ai pas fini comme ça. Parce que j’ai beau avoir
un grand cœur et avoir sauvé le monde, à ce qu’on raconte, je ne suis tout
simplement pas assez gentil pour pleurer mes morts. Surtout pas ceux que j’ai
tués. La seule fois où j’ai pleuré pour quelqu’un que j’avais tué, ça c’est mal
terminé pour moi. Il vaut mieux laisser les morts là où ils sont.
Ca s’est passé tellement vite. Il a juste … dépéri
soudainement. Il a affirmé qu’il les entendait lui parler. Il a commencé à
faire des cauchemars. Il faisait des choses, et il ne s’en souvenait plus
après. Et puis il a commencé à se lever la nuit pour se laver les mains.
«Ça ne part pas.» l’entends-je gémir, et il frotte
plus fort.
Il va se faire mal s’il continue comme ça. En fait,
je suis sûr que ses mains doivent déjà lui faire souffrir le martyr, mais on
dirait qu’il ne sent même pas la douleur physique. Bizarre venant de quelqu’un
doué d’empathie, mais il a à peine conscience de son propre corps maintenant.
Je m’approche et attrape une de ses mains. Il lève
les yeux, et comme chaque nuit, mon cœur se brise quand je vois le désespoir
absolu dans ses yeux bleu-vert. La terreur sur son visage.
«Ça ne s’en va pas, Heero … j’ai essayer de le
nettoyer, j’ai essayé … mais il est toujours là, le sang sur mes mains …
il ne veut pas s’en aller …»
«Tu n’as pas de sang sur les mains, Quatre.» dis-je
d’un ton apaisant.
Je sais déjà ce qu’il va me répondre.
«Bien sûr que j’en ai ! Mes mains … mes mains
sont couvertes de sang, et ça ne s’en va pas !»
Il essaye de retirer ses mains pour les remettre
sous l’eau, mais je refuse de le laisser faire. J’attrape son autre main et
ferme le robinet.
«Il n’y a plus de sang, Quatre. C’est parti, je te
le jure.»
«Non, ce n’est pas parti.», le sens-je chuchoter
plus que je ne l’entends. «Tout ce rouge … Il est partout autour de moi, tout
le temps … Il va me faire disparaître.»
Il regarde ses mains et frissonne. Je garde ses
mains dans les miennes, et je les embrasse, l’une après l’autre. J’ai toujours
aimé ses mains. Elles sont faites pour jouer du violon plus que pour piloter un
engin de mort comme un Gundam. Mais il ne touche quasiment plus son violon.
«Du sang partout … Il y a du sang partout … le sang
que j’ai versé …»
Je le prends dans mes bras et je le tiens serré
contre moi, et j’attends patiemment qu’il se mette à pleurer. Toutes les nuits,
c’est le même rituel, and je ne suis jamais sûr qu’il s’en souvient le matin.
Je le trouve en train de se griffer les mains jusqu’au sang, il parle du sang,
puis je le prends dans mes bras et il pleure. Et ce n’est qu’après cela qu’il
accepte de me suivre et de retourner dans notre lit.
J’éteins la lumière en sortant de la salle de bains,
et je le recouche. Il me regarde, et il y a encore tellement de peur dans ses
yeux.
«Fais partir le sang, Heero … s’il te plaît ?
Fais-le partir …»
J’ai un sourire amer.
«Chut, endors-toi maintenant. Tout va bien, je suis
là.»
Il se blottit contre moi et j’écoute le silence en
attendant qu’il se rendorme. Ensuite, je me relève. Je vais dans la salle de
bains, je ferme la porte derrière moi et j’allume la lumière. Je marche
jusqu’au lavabo et j’ouvre le robinet. Et je regarde mes mains alors que je les
plonge sous l’eau.
«Sur mes mains non plus, ça ne veut pas partir,
Quatre …»
OWARI