Auteur: Dùlin (gundamw_dulin@yahoo.fr)
Couple : 1x4 (Heero Yuy/Quatre Raberba Winner)
Fandom : Gundam Wing
Thème : #11 – fleur (gardénia)
Rating : PG-13
Warnings : Canon-ness, post Endless Waltz, , angst,
mort mentionnée, POV Quatre
Disclaimer : Ces délicieux garçons appartiennent à
Sunrise et Bandai. Qui ne sont malheureusement pas moi. La chanson citée est
Let It Be par les Beatles. Qui ne sont pas moi non plus, ou je le saurais.
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Mother Mary comes to me
Speaking words of wisdom, let it be.
Je marche prudemment
entre les tombes, les fleurs serrées contre ma poitrine. Leur parfum est
tellement sucré que j’en suis presque malade. Je me surprends même à penser que
ça pourrait être le parfum de la mort ; ce qui est stupide, j’ai rencontré
la mort suffisamment souvent pour le savoir. Mais il y a dans ce parfum comme
une promesse de flétrissure, de fin qui approche.
Je ne me retourne pas quand j’arrive à destination.
Ce moment est pour moi seul, et il le sait. Il est venu avec moi parce qu’il
sait que j’aurai besoin de lui après, mais il me laisse avec mes fantômes comme
je le laisse avec les siens.
Il y a deux pierres tombales là où dans mon souvenir
il n’y en avait qu’une. Je sais que la deuxième tombe est vide. Il ne restait
rien de mon père à enterrer. Mais la pierre qui porte son nom est ici. Je ne
sais pas laquelle de mes sœurs a décidé de la faire ériger. Je n’ai jamais demandé.
Je m’assieds sur l’herbe. L’existence même d’un
cimetière, privé ou pas, est une hérésie sur une colonie. Il y a à peine assez
d’espace, d’air et de ressources pour les vivants, on pourrait penser qu’on ne
les gaspille pas pour les morts. Mais c’est une tradition familiale. Nous
enterrons nos morts près de leur maison. Et comme notre maison est ici sur
cette colonie depuis presque un siècle, c’est ici que sont mes parents.
«Bonjour, Maman.» dis-je d’une voix faible.
Mes doigts effleurent la pierre, tracent les
contours des lettres gravées. Avec précaution, je dépose les fleurs blanches au
lourd parfum sur la tombe.
«Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt. Il
s’est passé beaucoup de choses, tu sais. Une guerre. Deux, même.»
J’avale ma salive. Le parfum des fleurs m’étouffe.
«Je t’ai apporté tes fleurs préférées, Maman. Je me
rappelle que Père disait que tu adorais les gardénias. Tu en avais dans les
cheveux sur ta photo de mariage, et ça t’allait vraiment très bien. Je … je ne
suis pas vraiment sûr que je les adore, moi, mais je voulais te donner quelque
chose que tu aimes.»
Cette fois, je me retourne. Heero est debout sous un
arbre à l’entrée du cimetière. Il ne regarde pas dans ma direction, il est
appuyé contre l’arbre, les mains dans les poches. Il attend. Il m’attend.
«Je ne sais pas si je reviendrai bientôt, Maman.
J’ai … j’ai rencontré quelqu’un, tu vois. Je ne suis pas sûr qu’il t’aurait
plu. Oui, c’est un ‘il’, j’espère que ça ne te choque pas trop, mais … il est
différent, Maman. Quand il me regarde, il me voit vraiment. Et c’est ce que je
veux. Et puis, il y a trop de souvenirs douloureux pour moi dans cette maison.
Alors je m’en vais.»
Je me tais un instant. J’ai l’estomac un peu
retourné. J’aurais peut-être dû manger quelque chose.
«Tu vas me manquer.», dis-je à voix basse. «Tu me
manques vraiment. A chaque minute qui passe, tu me manques.»
Je jette un coup d’œil à l’autre pierre tombale,
celle qui porte le nom de mon père.
«Et tu me manques aussi. Mais je ne peux pas
continuer comme ça. Il faut que je parte. J’espère que je trouverai la force de
revenir vous voir, un jour.»
Je dépose un baiser sur mes doigts et touche la
pierre tombale de mon père. Puis je fais la même chose avec celle de ma mère.
Celle-ci porte une trace à l’endroit où j’ai déjà fait cela tant de fois. Les
seuls baisers que j’ai jamais pu donner à ma mère, à travers ce marbre glacial.
«Au revoir, Maman.»
Un vent froid m’enveloppe quand je me relève, et une
larme coule le long de ma joue sans que je puisse l’en empêcher. Je m’en vais
sans me retourner. Les jolies fleurs blanches qui exhalent leur parfum sont la
seule trace de mon passage.
And when the night is clouded there is
Still a light that shines on me
Shine on till the morrow, let it be